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DES ORIGINES A GEORGES RODENBACH

vieille école, le Dr Valentin écrivait : « Verhaeren vient de percer comme un abcès. » Cette métaphore malveillante et trop médicale indiquait bien qu’il se passait quelque chose dans les esprits, quelque chose qui voulait sortir et qui venait en effet de surgir avec les Flamandes. On avait pris en horreur l’ancienne rhétorique vague et gonflée de mots sans signification à force d’avoir été répétés et on souhaitait un art plus pictural et plus franc. La poésie de Verhaeren était aussi de la rhétorique, mais c’était une rhétorique nouvelle et aussi une rhétorique réaliste ou, pour dire le mot exact, naturaliste. L’art de Verhaeren est né d’un besoin de vérité plus encore que d’un besoin de rêve et il n’a jamais atteint sa vraie beauté que lorsqu’il eut la sagesse de ne point