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LA BELGIQUE LITTÉRAIRE

dre sans paroles, par un geste, par un regard. Verhaeren est l’orateur qui aime à scander son verbe. Il ne fait pas de confidences, il crie sa vie et les aventures de sa pensée. L’un est le poète intérieur, l’autre le poète extérieur. Il ne faut jamais pousser trop loin les comparaisons, on s’aperçoit qu’elles clochent toujours par quelque côté. Cependant ceci est exact que si l’un de ces poètes est avant tout un poète de plein air, l’autre est un poète d’intimité et que si l’un veut avant tout, même au moyen de sensations et d’images exciter la pensée, l’autre, avec souvent un peu de mièvrerie, se borne à accompagner, comme d’un murmure, le rêve et à entretenir l’âme dans un état de songerie et de douce hallucination.

Quoique Rodenbach soit surtout un