Page:Gourmont - La Culture des idées, 1900, 2e éd.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les oranges et comme les fleurs ; mais on songe que ce directeur d’une revue française le pourrait être, si son exode avait fourché, d’un recueil allemand ou d’un magasin anglais, et tel vœu touchant la simplification de notre orthographe et, en vérité oui ! de notre syntaxe, ne laisse pas que de nous troubler au souvenir, évoqué aussitôt, d’un célèbre jugement du roi Salomon. Sit ut est, aut non sit ; ce mot d’un jésuite prénietzschéen, la plus haute parole échappée à l’instinct de puissance, doit être rappelé avant toute discussion. Sa clarté dispense de longs commentaires.

Il est toujours amusant de voir un Tchèque ou un Polonais offrir du fond de son cœur à un Français de Reims ou de Rouen des moyens délicats d’améliorer la langue qu’il apprit dans le ventre de sa mère ; on passe sur l’impudence et l’on rit : on aime à rire sur les bords de la Seine et sur les bords de la Marne. Mais nous avons affaire à un sérieux judaïque qu’aucune plaisanterie n’écorche, et il nous faudrait peut-être traiter sérieusement d’un sujet qui semblait réservé jusqu’ici à égayer la fin des vaines séances académiques.

En voici l’exposé, repris à son commencement :

Jadis, assure-t-on, le français était la langue parlée par le plus grand nombre d’hommes. Ce