Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/76

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rien, un grand traducteur, un grand critique, un grand mémorialiste, et je ne sais quoi de grand encore. Que lui manque-t-il donc pour être admiré absolument ? Rien, et c’est cela même qu’on lui reprochera éternellement. On lui en veut aussi d’avoir été sous tous ses masques trop véridiquement lui-même, de n’avoir vu que soi dans le mouvement des choses, et de les avoir considérées avec trop d’ironie. Ah ! s’il avait été dupe, on le plaindrait et on lui passerait le reste. Mais jusque dans la disgrâce, il s’est arrangé pour n’avoir jamais besoin de pitié. Cela est impardonnable. Plutôt que d’écouter à son sujet les orateurs, pour diserts et spirituels qu’ils soient, conférez les Mémoires d’outre-tombe, avec la Correspondance (que la maison Champion vient d’entreprendre), allez directement à l’homme même. Vous verrez. C’est bien autre chose que ce qu’on vous a dit.


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