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muses d’aujourd’hui

à J.-K. Huysmans. Et l’on songe que Marie Dauguet doit, en effet, beaucoup à des Esseintes. Sans lui, aurait-elle su noter

L’accord des buis amers et des œillets musqués ?

Marie Dauguet a appliqué la formule des synesthésies, indiquée par Huysmans : elle l'a appliquée avec volonté, et avec toute l’adresse d’une femme. Par son métier poétique, Marie Dauguet appartient à l’école symboliste, et ses maîtres sont Baudelaire et Verlaine. Plus lointainement Ronsard et la Pléiade, auxquels elle a emprunté certains néologismes, jeunes encore parce que décidément inacceptés dans notre langue. Qu’on ne voie pas là un reproche ; un vrai poète ne saurait noyer sa personnalité dans l’admiration d’un maître. J’ai cependant entendu un poète avouer cette craintive faiblesse : « Je n’ose trop lire Francis Jammes,