Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/134

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trouve une sensualité intellectuelle dans cet aristocratisme de la sensation et du sentiment. Ces amours sont aussi sentimentales que les autres, d’une horlogerie sentimentale plus délicate et plus compliquée que les autres.

Et j’espérais qu’enfin jaillirait le soupir
De nos cœurs confondus, de nos âmes mêlées…

Mais toujours ce parfum de péché et de tristesse qui se mêle à l'odeur des chairs blanches, comme si, au delà de ces caresses, qu’elle qualifie d'« impures », elle cherchait, en effet, l'amour infini, absolu, l'amour pur qui ne se manifeste pas par la frénésie des étreintes :

Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus
Et nos cœurs pleureront de s’être méconnus,
Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.

Il y a, dans ces poèmes, des notations d’une très subtile délicatesse et d’une très délicate per-