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son dernier volume. À chaque vers, on apercevra l'image de la mort que la poétesse devinait toute proche d’elle. D’abord, semble-t-il, elle veut se résigner à vivre, mais ce chant lui-même se termine par un appel à la mort :

VIVRE

Puisqu’il est, semble-t-il, nécessaire de vivre,
En portant le poids lourd des anciens désespoirs,
Tous les matins et tous les jours et tous les soirs
Interrogeons nos cœurs et sachons l’art de vivre !
Sachons enfin chanter les roses du matin,
Ô nous qui replions les ailes de notre âme !
Sachons nous réjouir en paix du mets infâme
Et nous accommoder des chants et du festin !
Puisqu’il est, paraît-il, urgent et nécessaire
De revoir le mauvais rayon d’un mauvais jour
Et de voir s’échapper l’espoir d’un bel amour,
Que bientôt nos draps blancs se changent en suaire !

Son appel se fait plus pressant : « Ah ! que la fin survienne… » s’écrie-t-elle :