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essai de physiologie poétique

comme le paon, devant leur Muse, symbole de leur désir perpétuel de la femme. Chez eux, c’est l’imagination qui commande le désir, et non pas seulement la nécessité physique de se répandre. Aussi parlent-ils leurs amours plus qu’ils ne les réalisent : ils mettent dans leurs poèmes le rythme même de ces gestes dédaignés, et c’est pour cela que nous retrouvons dans leurs œuvres le parfum et la nudité même de la femme.

« Chez les désharmonisés, écrit Régis, l’imagination n’est jamais absente des actes de la sexualité » ; et on peut citer le cas de certains imaginatifs, trouvant auprès d’une femme réelle et vivante une excitation dans l’image évoquée d’une autre femme, dans tel geste revécu, dans tel souvenir d’une page lue, etc… Ces imaginatifs sont des poètes.

Cette hypertrophie de la sensibilité et de l’imagination chez les poètes les a fait qualifier, par