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lucie delarue-mardrus

veloppement physique de la race qu’elle porte en elle ; mais la poétesse, semble-t-il, s’est voulue infertile, c’est son œuvre qui est le prolongement d’elle-même. Après avoir, dans ses premiers recueils, pris contact avec sa terre natale : Occident, Ferveur, elle exprimera dans Horizons les premières inquiétudes des pays inconnus. Cela suffit sans doute, écrit-elle,

D’être une femme tendre au bras de son ami
Qui marche dans la vie en rêvant à demi
Sans plus sentir ses pieds se meurtrir sur les routes…

– Mais peut-être qu’il vit encore, ton désir
D’aller vers les couchants où saigne l’Au-delà ?
Car l’âme qui palpite en toi, folle ou paisible,
Tu ne la connais pas ! Tu ne la connais pas

L’idée de départ se précise :

Nous sommes excédés des villes infertiles :
Partons vers un pays follement vierge et vert.
Partons égrener sur la mer
Le collier monstrueux des îles.