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LES UNS ET LES AUTRES



15 janvier 1915.



Ils tombent à droite, ils tombent à gauche. Le troisième Bulletin des Écrivains qui nous donne l’éloge de Pierre Gilbert par Charles Maurras, nous annonce la mort de Léon Bonneff. L’un appartenait à la Revue critique des Idées et des Livres, à la littérature nationaliste et néo-classique. L’autre appartenait à l’Humanité, à la littérature socialiste et naturaliste. L’un défendait la tradition, l’autre défendait la révolution, mais tous deux défendaient la France. Je crois bien qu’ils s’ignoraient l’un l’autre. Surtout, ceux qui aimaient l’un n’aimaient pas l’autre. On s’aperçoit maintenant que tous les deux servaient la même cause. J’ai réuni ces deux noms, parce qu’ils me sont tombés sous les yeux. J’aurais pu en prendre deux autres. Toutefois, de Bonneff, j’avais lu le dernier livre et j’en avais gardé une impression assez forte. C’était beaucoup moins de la littérature que des documents, mais des documents d’une rare intensité de vie et singulièrement poignants. Didier, homme du