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À SAN-FRANCISCO



21 janvier 1915.


C’est une très bonne idée que la France a eue d’offrir à la Belgique désemparée une place dans son palais d’Exposition à San-Francisco. Ainsi les Américains sauront, non ce que peut aujourd’hui la Belgique industrielle et la Belgique artistique, mais ce qu’elle pouvait il y a six mois, ce qu’elle peut encore en puissance. Sa vie n’est pas morte, elle est suspendue. Cette double exposition affirmera encore une autre vérité dont la révélation sera probablement désagréable à ses vainqueurs d’un jour, c’est que les deux pays, le petit et le grand, unis dans la résistance commune, le doivent rester, la guerre finie. Une partie de la Belgique se croyait des affinités avec l’Allemagne, comme elle se croyait en opposition avec les idées françaises. Il n’est pas besoin de beaucoup de perspicacité pour prévoir que cet état d’esprit ne renaîtra jamais. Le palais de San-Francisco sera, après d’autres, un signe visible de l’union qui survivra aux cruelles circonstances d’aujourd’hui. Parmi ce que la Belgique