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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/239

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cette allure héroïque qui manque un peu à Jocelyn. En tout cas, la vérité sur ses amours explique bien l’attitude dédaigneuse de Dumont envers un état qu’il avait embrassé comme on entre en prison, comme on se jette à l’eau. Les trente-cinq ans qu’il passa sous le harnois ecclésiastique lui furent un long supplice dont il se vengea comme il put sur l’institution même où on l’avait intégré malgré lui.

Il eut de nombreux démêlés soit avec le gouvernement, qui l’accusait de propagande royaliste, soit avec l’évêque de Mâcon, dont le grand-vicaire disait de lui : « M. Dumont est une espèce de houzard. Attendu le manque d’ouvriers, il faut bien se résigner à l’employer, mais non à Bussière, où sa conduite a été scandaleuse. » Mais il ne transigea jamais ; il se montra jusqu’à la fin hautain et intraitable. Sur les registres paroissiaux, entre un mariage et un baptême il notait ses impressions, de menus souvenirs. Il écrit en 1805 « Pie VII, souverain pontife, est passé à Mâcon, le 22 avril. J’ai baisé sa mule. Le clergé romain qui le suivait était mis salement. » Et c’est lui-même qui a souligné, comme une énormité ou une cocasserie : J’ai baisé sa mule ! En 1812, pour accentuer son opposition, il se fit affilier à la loge, la Parfaite Union, de Mâcon. Lamartine, malgré la différencede leurs sentiments, lui demeura toujours, après avoir été son élève