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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/246

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à l’époque romantique, presque dans le premier venu, mais sous une forme qui, pour être sincère, n’en est pas moins caricaturale. L’un de ceux-là signe toujours Jules D…, volcanique. Un autre Armand B…, étudiant en médecine, atteint également de volcanisme, écrit à une femme une lettre d’amour qui se termine ainsi : « Mais peut-être éprouves-tu devant la flamme menaçante une involontaire terreur ? Tu crains peut-être de mourir dans mes bras ? J’éteindrai alors pour toi le volcan que je porte dans mes entrailles, ou plutôt je lui commanderai d’étouffer ses rugissements et de modérer ses brûlantes ardeurs ; il ne fera plus entendre que des murmures, son haleine ne sera plus que tiède, et tout autour de lui le sol ne tremblera que pour te bercer. » Pour répondre aux amants volcaniques, il y eut des amantes vésuviennes. Les femmes ne rêvaient que passion, éclats, rugissements, sanglots, râles, pâmoisons, évanouissements. Elles voulaient l’amour qui brise, l’amour qui meurtrit et fait craquer les os. Une vésuvienne, Louise B. écrit à son amie Marguerite T. qui lui avait fait des confidences analogues : « Il m’a révélé une vraie nature, une nature de feu, il m’appelle sa petite salamandre. » Mais ce sont les hommes les plus curieux dans leur extravagance. Un nommé F… avait pour geste habituel de se comprimer la poitrine à deux mains pour