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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/274

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Un problème analogue se pose pour les Mémoires de Casanova. Le Brokhaus entre les mains de qui échut le manuscrit en reconnut l’intérêt, ce qui prouve son esprit, mais recula devant sa publication littérale, ce qui prouve très probablement son goût. Nous en jugerons définitivement, si le Brockhaus actuel donne suite à son idée. On peut bien reconnaître, dès maintenant, après la mise au jour, par Octave Uzanne et Arthur Symons, de quelques passages inédits, qu’il y a une parité certaine de ton entre le texte authentique de Casanova et celui qui fut revisé par un homme de lettres, au nom destiné à la gloire, mais plus tard, Laforgue. On sait, cependant, par la préface même de l’édition originale, que Casanova, en racontant ses bonnes fortunes, qui furent parfois mauvaises, appelle avec crudité les choses par leur nom et que Laforgue y substitua des périphrases. Serait-ce cela qu’on veut établir, et veut-on faire un ouvrage obscène d’un ouvrage qui, quoique très libertin, demeure avouable ? Je viens d’en relire, à petit feu, sans en passer une ligne, les huit volumes ce serait dommage.

Les Mémoires de Casanova, qu’il avait intitulés, non sans justesse, Histoire de ma Vie, « suent l’authenticité », comme disait Magnard du Journal des Goncourt. Il raconte tant d’anecdotes à son détriment qu’il faut admettre celles qui lui sont favorables. Mais si c’était par hasard un roman ? Eh