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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/303

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qui n’eut d’ailleurs aucune influence ni sur son esprit, intéressé seulement par la poésie, ni sur ses mœurs, que dominait un grand penchant vers l’amour. Du reste sa vie, en ce temps-là, se trouve exposée dans un petit procès disciplinaire que lui fit, peut-être pour la forme, l’indulgent chapitre, et dont voici l’acte d’accusation :

« Le prébendier Gongora assiste rarement au chœur de la cathédrale, et quand il lui arrive de prier aux heures canoniques, il va et vient d’un endroit à l’autre, quittant fréquemment son siège.

« Il parle beaucoup durant l’office divin.

« Il prend part aux caquets de l’Arco de Bendiciones, où l’on discute sur la manière de vivre du prochain.

« Il a assisté aux courses de taureaux de la plaza de Corredera, à l’encontre des ordres donnés expressément aux clercs.

« Il vit enfin de façon très jeune, s’adonne de jour et de nuit aux choses légères, est en rapport avec des acteurs et compose des poésies profanes. »

Il se défendit spirituellement et ne fut condamné qu’à une amende légère, accompagnée d’admonestations assez bénignes. Il est visible que le chapitre adore ce grand enfant, et même le vénère un peu. Les chanoines ont été scandalisés, sans doute, mais aussi amusés par les vers scabreux où il