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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér4, 1927.djvu/319

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LA SATIRE DANS LE ROMAN DE LA ROSE


Sans doute il ne faut pas chercher au moyen une liberté intellectuelle comparable à la nôtre ; les gens capables de penser y sont en petit nombre, mais ceux qui pensent le font hardiment et sans ménagement aucun pour les communes croyances. Dès le treizième siècle, il y a une tendance à l’émancipation et M. Abel Lefranc, dans son cours du Collège de France, peut faire remonter jusque-là, et même plus haut encore, ce qu’on a appelé les origines de la Renaissance. Pour ma part, je ne serais pas éloigné, à un certain point de vue, d’accorder plus d’indépendance intellectuelle au siècle de Louis IX. Ayant les comédies de Molière, du moins, on ne vit pas alors d’œuvre aussi hardie que le Roman de la rose, qui s’achevait à peu près comme mourait saint Louis. Ce roman, qui est en même temps une sorte d’encyclopédie des idées et des mœurs, devait faire l’éducation des deux siècles suivants et conduire les hommes très loin dans la liberté. L’imprimerie lui donna un regain d’influence qui se perpétua jusque vers