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BALZAC CHEZ LUI.

hommes et chiens le furent, à vrai dire. Chaque coup de bâton faisait partir des volées de rats ; on eût dit des perdrix. Les chiens, qui les happaient au vol, complétaient l’illusion.

Quel beau carnage ! Comme on attaquait ! comme on se défendait ! Il pleuvait du sang. Désespérés, exaspérés, les rats bondissaient sur le dos des chiens, grimpaient le long des hommes, couraient dans leurs barbes, autour de leur cou, dans les jambes, sur leurs épaules, dans leurs cheveux, soufflaient, sifflaient, se collaient, s’enroulaient autour des bâtons et mordaient le bois jusqu’à y laisser leurs dents. J’en ai vu s’élancer contre le mur et s’y briser la tête, ne voulant pas se rendre, se suicidant de rage, — des rats de l’antiquité ! Naturellement, la victoire demeura aux hommes, mais elle leur coûta cher. Un duel à coups de sabre avec leurs semblables ne les eût pas mis dans un pire état. La sueur et le sang ruisselaient de leurs fronts.

La fête était finie.

« Quel drame, n’est-ce pas ? dit à Balzac l’inspecteur de la salubrité publique.


— Vous appelez cela un drame ! s’écria de Balzac,