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BALZAC CHEZ LUI.

morte d’une maladie de langueur. Il entra dans d’autres détails excessivement pénibles pour le comte. Celui-ci laissa achever l’acte sans laisser paraître la moindre émotion à ses voisins de loge ; mais, pendant l’entr’acte, il alla frapper deux petits coups à leur porte, et par cette porte entr’ouverte il glissa sa carte au Français, voyageur spirituel, touriste charmant, causeur délicieux. Sur cette carte, il y avait un endroit et une heure indiqués pour le lendemain. Puis il salua et rentra dans sa loge, où il écouta tranquillement la fin de l’opéra. L’habileté du comte à l’épée était connue : on avait choisi l’épée pour vider le combat.

« Après avoir désarmé trois ou quatre fois son adversaire et s’être donné le plaisir, en bon tireur qu’il était, de lui tracer en rouge des zigzags sur la poitrine, il s’écria, en se précipitant sur l’épée tendue devant son épée : « En voilà assez ! » En même temps, il se découvrait et se faisait traverser de part en part à la place, pour ainsi dire, qu’il avait choisie, et cette place était le cœur. Le comte avait voulu se suicider d’une autre main que la sienne. Voilà la fin de l’histoire du comte de B… et des amours de sa femme avec un jeune officier hongrois.

— Cette fin, dit Balzac, un peu étonné, assez ému