Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/130

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— Tiens, pensa Leveneur, est-ce que lui aussi en voudrait ?… Je m’aperçois maintenant qu’il est tout en noir, qu’il a des gants blancs. Ce n’est pas naturel. Mais, reprit-il à haute voix, voyons ce que nous avons à démêler avec cette affaire enterrée dans la tombe de mon respectable beau-père depuis dix-sept ans.

— Voici. Je vous ai toujours caché, car il n’y avait aucune nécessité de vous l’apprendre, que les Larguier m’avaient vendu les Chaussevert pour quatre cents francs.

— Il les a eus pour deux cents francs, pensa Leveneur, et il ne s’est pas moins enfoncé.

— L’affaire n’était pas mauvaise ; elle est même devenue bonne…

Madame Leveneur écoutait, de toutes ses oreilles.

Leveneur se disait : Où veut-il en venir ? Puis, s’adressant à Janton :

— Très-bien. Vous êtes donc aujourd’hui possesseur des Chaussevert… un bien de quatre cents francs environ ?…

— De cent mille francs, dit Janton en frappant sur la table et en se donnant du courage par la douleur même qu’il éprouva ; oui, de cent mille francs !

— Il y a donc une mine d’or que vous avez découverte ?

— Autant dire.

— Racontez-nous cela.

— Ce ne sera pas bien long. Je vous le dis en secret, on a découvert une mine d’asphalte aux Chaussevert, et vous savez qu’en ce moment on ne fait plus rien sans asphalte à Paris.

— En effet, dit Leveneur… mais c’est là un bonheur qui ne touche que vous.

— Et nous en sommes charmés, mon garçon, dit madame Leveneur, qui avait toujours eu beaucoup d’attachement, pour Janton, parce que Janton avait dressé son con-