Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/131

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trat de mariage et connaissait toutes les affaires de sa famille ; cela va vous donner l’occasion de faire un bon mariage.

— Je voudrais bien… mais je ne l’espère guère…

— Pourquoi cela mon ami ?

— Je ne suis plus très-jeune, et les demoiselles d’aujourd’hui…

— Quelle idée !…

— Je l’ai sondé, pensa Leveneur… ou je me tromperais bien, ou…

Leveneur ne se trompait pas souvent.

Il dit à haute voix :

— Qu’allez-vous faire de ce trésor ? Le vendre ? l’exploiter ? Veniez-vous me proposer de l’acheter ?…

— Je venais vous demander de le partager avec moi, car je ne m’en crois pas loyalement le seul maître. Quand vous avez consenti à vous dépouiller de tout droit sur ce terrain, vous ne saviez pas ce qu’il contenait ; ne pas vous tenir compte de ce qu’il renferme, ce serait un acte d’improbité…

— Voilà qui est agir en véritable honnête homme ! s’écria madame Leveneur, presque les larmes aux yeux.

— Il n’y a pas plus d’asphalte dans son terrain que dans ma cave, dit à part lui Leveneur.

— Oui, c’est d’un honnête homme, n’en dit-il pas moins au clerc de notaire, ce que vous faites là, monsieur Janton ; et je n’accepte que pour exploiter plus largement une affaire qui fera votre fortune : cela vous inspirera peut-être du goût pour le commerce.

— Mais je l’ai toujours aimé, le commerce !

— Vraiment !

— J’en suis fou.

— Je ne vous croyais qu’un homme de plume.