Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/168

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— La voici.


« J’attendrai votre réponse, et je suis prête à tout ce que vous voudrez, mon ami ; mais puisque mon père, par un même hasard, peut encore lire votre prochaine lettre, ainsi qu’il a lu la dernière, employez ce moyen pour l’en empêcher : sur les trois premières pages, dites que vous renoncez à moi, que vous êtes froissé de mes refus, et, sur la quatrième, écrivez avec du jus de citron les quelques lignes qui m’apprendront si c’est bien un enlèvement que vous avez projeté, et toutes les circonstances nécessaires pour qu’il réussisse. Mon père n’y verra rien. Quelques jets de flamme me révéleront tout.

« Comme vous dites si bien,

« À Dieu, et à vous,
« Clarisse Trélard. »


— Il me saute à l’instant une idée au cerveau, dit le rusé lévrier du comte de Meursanne ; c’est qu’il n’existe pas plus de Jérôme Dervieux que de Clarisse Trélard, fille d’un épicier de Serneuil.

— Que dites-vous ? qui vous fait croire ?…

— Je gagerais que ces noms en cachent d’autres.

— Quelle idée !

— Elle est juste.

— Mais pourquoi ?

— Parce que les filles d’épiciers, excepté la vôtre peut-être, n’écrivent pas de cette manière-là. C’est trop gentil, trop doré.

— Cependant…

— Savez-vous qui vous dira cela au juste ?

— Qui donc ?