Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/169

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— Manette. Je vais l’appeler. Vous allez voir…

— Manette est couchée.

— Mais non, il n’est pas minuit.

Après avoir entendu cela, Manette, sans savoir comment, se trouva au bas de l’échelle, où elle resta muette, accroupie, presque morte.

Leveneur court au judas, l’ouvre…

— Tiens ! dit-il, il n’y a pas de lumière là-bas. Il appelle :

— Manette ! Manette !

— Mon père ! mon père ! me voilà !

— Vous dormiez ?

— Non, mon père, la lampe s’est éteinte…

— Montez ici un instant…

— Mais…

— On ne vous grondera pas ; montez.

Quand Manette fut montée par l’escalier de la maison jusqu’à l’étage où était la chambre de son père, celui-ci alla vers elle sur le palier, et lui dit :

— Connais-tu cette écriture ?

— Attendez… Mais je crois me souvenir… oui… c’est celle…

— De qui ?

— C’est celle d’une de mes camarades de pension.

— Qu’on nomme ?

— Clarisse Trélard.

— Très-bien. C’est tout ce que je désirais savoir.

Manette, congédiée aussitôt, redescendit et alla remettre la double échelle en place.

Ainsi, sans efforts, avec les lumières de son cœur et du simple bon sens, Manette avait créé, pour sortir d’embarras, et d’un embarras peut-être sans exemple, pour correspon-