Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/183

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était le cuisinier de l’hôtel, — Mais Vautier ne répondit pas plus que Poliveau. D’une façon encore plus foudroyante, le colonel appela Jamblin, son cocher. Pas de Jamblin. — Stephen ! Stephen ! — Le jeune groom, le maudit Stephen, qui ne s’absentait jamais sans la permission expresse du colonel, fut sourd à l’appel. — Toi, je te ferai manger par tes chevaux, s’écria le colonel en secouant de ses mains crispées par la colère la rampe de l’escalier. Mademoiselle Marguerite ! mademoiselle Marguerite ! — C’est à la lectrice de sa tante, une vieille demoiselle de quarante-cinq ans, que M. de Lostains adressa son dernier appel et son dernier juron. — Il se retira ensuite dans sa chambre ; il entendit sonner midi. — Midi ! dit-il, en grinçant les dents. Je n’arriverai jamais à temps au ministère de l’intérieur. Praline ne me le pardonnera pas… Infâme Poliveau !

Enfin, Poliveau parut : il avait le visage humble, timide, mais assez calme cependant pour qu’on pût croire à la pureté de sa conscience.

Le colonel lui dit :

— Approche !… Si tu n’avais pas été militaire, cette cravache…

Le colonel l’avait saisi par le bout de l’oreille.

Poliveau poussa un cri de douleur.

— Regarde l’heure, misérable ! Plus de midi !… J’ai attendu deux heures !

— Colonel, je vais vous dire…

— Je te chasse !

— Mais écoutez-moi…

— Rien ! Combien t’est-il dû ?

— Mais, mon colonel, c’est madame votre tante…

— Comment ! ma tante… Qu’a-t-elle à voir en tout ceci ?

— Si vous ne me laissez pas vous expliquer…

— Parle… Voyons…