Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/203

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— Je veux dire que, s’il y a des bouquets le jour de la représentation… si l’on en trouve chez les fleuristes… vous en aurez.

— Ma parole d’honneur !… vous divaguez, colonel… vous devenez maréchal de France… Dans cette saison il n’y aurait pas de fleurs ?… Passons à autre chose… Avez-vous vu le chef de claque ?

— Tout est convenu avec lui. Vous serez redemandée,

— Ainsi ; nous n’avons plus qu’à attendre avec calme le jour de la représentation. Vous avez obtenu du ministère que les chanteurs de l’Opéra-Comique viendraient jouer à l’Opéra.

— Pas précisément… ma chère amie,

— Plaisantez-vous ?

— Non… La demande devant être faite par écrit…

— Allons ! autre embarras. Eh bien ! avez-vous écrit ? Songez que nous sommes à jeudi, que c’est après-demain la représentation… Quel ennui ! quel ennui ! Mettez-vous là, et faites cette demande.

Le colonel hésita.

— Dans un instant, ma chère amie.

— Tout de suite…

Ce cri partit involontairement des lèvres du colonel :

— Impossible…

— Ah ! c’est impossible, et pourquoi cela, monsieur ?

Praline rapprocha d’un seul mouvement sec son fauteuil du fauteuil du colonel.

— Parce que, ma chère amie, je suis en délicatesse avec un des chefs de division.

— Vous ne m’aviez pas dit cela… Et quand écrirez-vous à ce chef de division ?…

— Je ne lui écrirai pas, sacrebleu ! s’écria le colonel, dont la colère bouillonnait enfin et couvrait les bords ; un