Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/213

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— Je vous les donnerais.

— C’est trop ; vous les partageriez avec moi. Mieux encore : si, au lieu de cent mille francs, que vous viendriez à trouver, je vous en procurais, moi, quinze ou vingt fois autant, m’admettriez-vous toujours au partage ?

— En doutez-vous ?

— Victoire, souvenez-vous toujours de ces paroles.

Poliveau revint sur ses pas.

— Ayez soin de placer un joli bouquet de violettes bien frais au milieu de votre fichu… et n’ayez pas de gants surtout…

— Vous ne m’embrassez pas, ingrat ?

Poliveau se découvrit, appuya un genou à terre, et dit :

— Puisque madame veut le permettre…

Il baisa ensuite la main de Victoire, et dit en se relevant :

— Laisse à tes mains cette petite odeur de savon blanc… Adieu, madame, adieu !

Il retourna une seconde fois auprès de Victoire.

— J’oubliais l’essentiel, dit-il.

Poliveau n’avait rien oublié ; il jouait la comédie dans le grenier de Victoire, qu’il avait voulu éprouver, comme il la jouait dans les salons de son maître.

— Connaissez-vous ceci ? demanda-t-il à la jolie blanchisseuse en lui montrant un billet de banque déplié.

— C’est un billet de cinq cents francs, répondit-elle en soupirant.

— Prenez-le et glissez-le dans la poche d’un des gilets blancs que vous allez reporter à M. de Lostains.

— Il n’y a pas de bon sens dans votre idée.

— Il y a votre fortune et la mienne.

— Mais…