Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je continue :

« Une petite fille âgée de quatre ans, logée Euston square, paroisse de Saint-Pancras. »

Mistress Philipps s’était avancée jusqu’au bord intérieur du cercle ; sa bouche était béante.

— « Elle est costumée comme suit : robe blanche. »

— Allons ! quelque fille de lady ; ça en fait si peu, que ça a raison de les couver.

— Silence !

Mistress Philipps aspirait les paroles du bell-man, qui reprit :

— « Robe blanche, tablier vert. »

— Ah ! elle était gentille, du moins.

D’autres femmes du peuple s’essuyaient les yeux avec le coin de leur tablier.

La pauvre mère était prête à sauter au cou de toutes les mères qui pleuraient.

— « Tablier vert et chapeau blanc. Elle répond au nom de Lucy. Dix guinées à qui la rendra à sa mère. »

— Erreur, monsieur ! erreur ! l’enfant a un chapeau rose.

— C’est elle qui a volé l’enfant ; oui.

Ce furent mille cris, ce ne fut qu’un cri, cri accompagné de malédictions, de menaces, proférées aux oreilles de mistress Philipps.

— Voyez comme elle est affreuse, comme elle est pâle, la voleuse d’enfants ! Voyez !

— Voyez ! ses habits en lambeaux, ses cheveux épars : huzza la voleuse !

— Rends-nous Tony, volé l’été dernier ; c’est toi qui l’as emporté en Irlande ! Rends-nous James, rends-nous Peters ! — Que fais-tu ? les baptises-tu, les manges-tu ?

Le bell-man criait au constable.