Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/299

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qu’une agitation nerveuse avait contracté. C’était un sujet de conversation qu’il convenait d’éloigner à tout prix.

Mistress Philipps persista, et, d’un accent coupé par sa respiration haletante et courte, elle reprit :

— Peine bien inutile ! — Que vais-je faire de cet argent ? C’est bien lourd.

Pour en finir, le docteur s’empressa d’ajouter :

— Rien n’est fait, madame ; les transactions légales ne se terminent pas en un jour. Les choses sont dans l’état où elles étaient auparavant. Ne nous en occupons plus, je vous en prie.

— Et vous avez parfaitement raison, monsieur Young. À quoi bon se presser de mettre ordre à notre fortune, maintenant que celle à qui nous la destinions a disparu de la terre ? Vos paroles sont sensées.

— Vous leur prêtez vraiment un sens désespéré qu’elles n’ont pas, mistress Philipps. Je ne me laisse point abattre si vite, moi.

Pauvre fausse fermeté du docteur !

— Ah ! vous espérez encore, vous ?

Ce cri fut prononcé avec un dédain triste, et toujours le visage caché.

— Oui, j’espère, parce que je suis raisonnable et que je crois fermement dans l’efficacité d’une foule de moyens encore à tenter.

Un léger signe négatif de tête fut toute la confiance qu’inspira l’assertion de M. Young.

— Oui, une foule de moyens. Tenez, raisonnons.

Toujours sous le coup de la même stupidité, Sarah se rapprocha du docteur et fixa sur lui des regards avides.

Mistress Philipps écarta un instant le mouchoir qui couvrait son visage, sans le détourner du côté de la cheminée.

Peut-être le bon docteur s’était-il trop avancé, et, dans