Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/36

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— Maintenant que tu m’as pleinement approuvé, dis-moi ce que je dois faire.

— D’abord ne rien changer à ta détermination. Ta femme, sans cela, te ferait avaler ses vieux gants. Que faire, dis-tu ? Tu es riche, il faut voyager.

— Voyager ? mais on revient.

— Eh bien ?

— C’est comme si l’on n’était pas parti.

— Sans doute.

— Vis en garçon, alors.

— C’est plus sage.

— Oui, vis en garçon.

— Comme toi, n’est-ce pas ?

— Comme moi… ou comme d’autres.

— Non, comme toi. Mais c’est le ciel, ce château. Qu’on est bien ici ! quel repos d’esprit ! quel calme. Pas de maîtresse qui te ruine et pas de femme qui te tyrannise ; mais tu es un demi-dieu, commandant.

— J’ai bien mes ennuis aussi, Morieux.

— Les ennuis qui résultent de la satiété, d’un trop grand contentement.

— Pas du tout.

— Allons donc ! Je devine tes ennuis ; des fermiers qui ne te payent pas, n’est-ce pas ? des domestiques qui quelquefois font mal leur service. Piqûres de mouches que cela.

— J’ai d’autres mouches…

Mistral parut de nouveau, mais, dès qu’il le vit entrer, le commandant, qui redoutait ses aparté, se dirigea vers lui.

— Qu’y a-t-il encore ?

— Ça marche.

— Nous souperons bientôt ?