Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/89

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confidence, le neveu du célèbre banquier Coutt, beau-père de sir Francis Burdett.

— Vous êtes !…

— Son neveu.

— Mais je suis banquier, moi aussi, me dit mon guide.

Je crus un instant qu’il allait me dire qu’il était aussi le neveu de M. Coutt ; je frémis pour mon mensonge.

— Ah ! vous êtes banquier ? Enchanté !…

— Oui, monsieur, mais ruiné ; mes confrères m’ont accueilli par considération ; jugez : je n’ai que cent mille francs de rente.

— C’est bien de leur part.

— J’ai accepté les fonctions de concierge. Tenez, dans cette maison (nous étions dans la grande rue de Broek) est logé un homme qui possède quatre-vingts millions gagnés dans les poivres et les écailles de tortue. Il est revenu de Java, il y a cinq ans, avec une maladie de foie qui l’emportera. Du reste, on ne se porte pas très-bien à Broek, quoique l’air y soit pur, et l’on n’y devient pas très-vieux. Les habitants ne prennent pas assez de distraction, de plaisir…

— Je comprends, ils font des économies.

— Puisque vous avez la faculté de vous introduire chez nos confrères de Broek, me dit mon guide, nous pouvons poursuivre notre chemin jusqu’à ce qu’il vous plaise de m’apprendre où il vous sera agréable de vous faire annoncer.

— Introduisez-moi dans la maison où vous supposez que je rencontrerai le meilleur accueil, et, si c’est possible, où je verrai les mœurs et les ameublements les plus curieux.

— Les mœurs sont à peu près les mêmes partout. Silence, tranquillité, repos ; la prière le matin, le calcul le soir.