Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/99

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qu’il fasse rafraîchir ses chevaux, ordonna-t-il ensuite à la jeune fille, qui attendait toujours la chute de quelque nouveau colis ; n’entends-tu pas, Manette ?

— Oui, mon père, j’y cours.

— Comme il la traite ! se disaient les gens de Saint-Faréol.

— Une si gentille créature !

— Qui aura au moins cent mille francs de dot.

— Dites donc cent mille écus.

— Vous croyez ?

— Sans doute. On ne compte plus avec Leveneur. Il marche dans l’or.

— Trouves-tu qu’elle vient bien ? demanda Leveneur à Lanisette, qui n’attendait plus que son verre de vin pour partir.

— Il faudrait être difficile pour ne pas le trouver.

— Mais, conducteur, nous allons donc passer la nuit ici ?

— Conducteur, partirons-nous ?

— Conducteur, ne partirons-nous pas ?

— Un peu de patience, mes bourgeois, nous allons fendre l’air.

— Eh bien ! reprit Leveneur en donnant un grand coup de poing dans la poitrine de Lanisette, je la garde pour quelqu’un que tu connais…

— Moi ? dit Lanisette, sans pénétrer la pensée de M. Leveneur.

— Toi-même, Lanisette. Mais la voici ; silence !

— Mademoiselle, dit Lanisette en prenant le verre de vin des mains de Manette, mademoiselle… je sais quelque chose que je ne sais pas entièrement… mais si je ne sais pas entièrement…

— Conducteur du diable ! nous-en irons-nous d’ici ?

— Conducteur, vous êtes une…