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le dragon rouge.

pensée arrêta cette main déjà levée, et lui fit tourner de l’autre main la feuille de papier placée devant elle. — Qu’allais-je faire ? Non ! il ne convient pas, dit-elle, qu’on sache ici que je suis en correspondance suivie avec M. le commandeur de Courtenay ; que la fille du comte de Canilly est à ce point liée avec un jeune homme. Je n’enverrai pas cette lettre à monsieur le gouverneur. On saura sans moi un fait qui ne peut tarder après tout à se répandre. Ainsi, gardons mon secret, se dit-elle encore, en déchirant par petits morceaux la lettre écrite par elle ; gardons-le. Je n’ai rien su, je ne sais rien.

Le feu de ses yeux s’éteignit comme un tison dans l’eau : sa bouche, émue d’abord par l’enthousiasme, se ferma, et son visage, si animé un instant auparavant, reprit son calme ordinaire. Qu’elle eût paru belle, ainsi fardée par la contrainte, aux yeux de M. le comte de Canilly, son père !




xi



Le surlendemain, la prise de Belgrade n’était pas encore connue à Varsovie, où l’on attendait les nouvelles du siège avec la plus sérieuse anxiété, ce qui n’empêchait pas Varsovie de se livrer à toutes sortes de plaisirs. Sa fastueuse