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le dragon rouge.

xix

Depuis longtemps le marquis et la marquise de Courtenay avaient quitte la Pologne pour aller habiter l’Italie. C’était se rapprocher de la France, où Casimire avait le plus grand désir de rentrer, la France, seule contrée où elle pouvait faire élever dignement son fils Tristan et sa fille Léonore. Elle se fixa à Florence, la ville des sombres politiques du moyen-âge, la patrie de ses aïeux.

L’air de cette résidence donna à ses pensées cette puissance déconcentration si recommandée par son père ; ses regrets se mêlèrent à ses études, les brunirent, et, si elle resta femme par la beauté, elle augmenta la teinte virile de son intelligence en y imprimant profondément les exemples de tous les grands citoyens de la cité de Médicis. Elle lut leurs ouvrages, qu’elle comprit mieux sous le ciel qui les avait inspirés de sa lumière ardente et de sa chaleur active ; elle les médita ensuite à l’ombre des monuments, pleins encore du bruit des révoltes et tachés du sang des trahisons domestiques ; elle s’expliqua leur caractère au milieu d’une société dont quelques usages avaient pu changer, mais dont les mœurs hypocritement serviles étaient telles qu’autrefois. Elle apprit comment on parvenait à arrêter la croissance d’un peuple sous des jougs de roses, à endormir son énergie dans des fêtes perpétuelles, à lui retirer la bourse