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le dragon rouge.

dragon rouge dans l’allée de Vincennes. Il tenait son pistolet à la main.

— Nos conditions étaient, dit-il à Raoul de Marescreux, qui recula contre le mur à la présence, à la voix, devant les pas de ce fantôme, nos conditions étaient « que celui qui aura essuyé le feu de l’adversaire pourra faire feu à son tour, quelle que soit la gravité de sa blessure, sans qu’il soit apporté aucun empêchement. Debout, assis, couché, il pourra tirer sur son adversaire. » Vous m’avez cru mort, je suis debout ; mon arme est encore chargée. C’est à moi de tirer.

Le commandeur appuya son pistolet sur le cœur de Raoul de Marescreux.

— Vous êtes plus qu’un lâche, lui dit-il encore ; vous êtes l’homme qui n’a eu qu’un duel.

Raoul de Marescreux reçut la balle dans le cœur ; il ne poussa pas même un cri en tombant.

— Mon ami, lui dit la marquise, qui n’avait plus la conscience de ce qu’elle voyait ni de ce qu’elle entendait, vous avez rendu la vie à la mère ; et elle ajouta, en mettant Léonore dans les bras du commandeur : Maintenant rendez l’honneur à la fille. Faites pour moi ce que je fis pour vous en épousant votre frère, sacrifiez-vous.

— Voulez-vous de moi pour votre femme, dit Léonore en relevant la tête.

— Et pour mon enfant, dit le commandeur.

Avant qu’ils ne sortissent tous de cette chambre où venait de se dénouer ce grand drame de famille, le commandeur se tourna vers Marine et lui dit : — Le prétendu moine qui imitait mon écriture, c’était moi.


fin.