Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/121

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leur contact, de leurs plis et de leurs couleurs. Lady Glenmour était grande, belle, mais sans cet excès de majesté qui tue le désir, qui donne trop au respect pour ne pas ôter à la grâce. Par une illusion, par un prestige qui ne s’expriment pas avec les mots beaucoup trop exacts de la langue parlée, on éprouvait, en voyant sa poitrine blanche et demi voilée, l’émotion suave et chaste que fait naître une corbeille pleine de fruits et de fleurs qu’on vient de cueillir. Ce qui aurait donné un prix extraordinaire à tant de charmes, c’eût été l’éclair de la passion courant dans ces cheveux, éclatant dans ces yeux, circulant dans ces veines, s’allumant sur ces lèvres, faisant battre ce cœur de dix-huit ans. Malheureusement, ou heureusement peut-être, lady Glenmour n’était jusqu’ici qu’une belle statue de rose et d’ébène, que Pygmalion avait animée, mais sur le front de laquelle il avait oublié de dé-