Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/70

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rent en noir dans le cadre de la croisée, sur le fond vaporeux de l’espace. Ils se prirent à examiner en silence la ville morte et ses milliers de rues, places, avenues faites de tombeaux. La lune avait jeté sur ces indéfinissables constructions sa gaze d’argent, et ni Balbec, ni Palmyre, qui sont pourtant aussi des villes mortes, ne peuvent donner une idée du calme et de la douceur que cette neige astrale ajoutait, imprimait au calme habituel de l’endroit. Un seul oiseau chantait quelque part dans un des étranges bosquets, de ces étranges jardins. Était-ce l’âme rose d’un enfant ? était-ce l’esprit d’une jeune fille partie la veille de ses noces, et qui venait redemander sa nuit ? Par instant, une fraîcheur qui n’était pas de notre terre soufflait du fond de ces vallées endormies aux rayons de la lune ; elle rafraîchissait l’âme autant que le visage. Les sens se raréfiaient, se spiritualisaient au con-