Page:Gozlan - Les Nuits du Père Lachaise, tome 1, A. Lemerle, 1845.djvu/71

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tact moelleux de cette brise calme, sans parfum, sans interruption, et qui semblait sortir par quelque issue de l’antique Élysée où les arbres n’ont jamais été plantés et ne sont jamais morts. Grâce à cette assimilation enivrante, le chevalier De Profundis espérait introduire plus facilement son jeune compagnon, le marquis de Saint-Luc, dans la voie où il avait voulu lui-même entrer. Il l’initiait par là à sa parole, il le préparait à écouter sans effroi ce qu’il tenait tant à savoir.

S’étant l’un et l’autre retournés pour savoir ce que devenaient les fossoyeurs qui remplissaient la salle, ils ne les virent plus. Tous étaient partis, l’épouvante les avait chassés.

— Eux aussi ont peur de moi ; ils m’ont surnommé le chevalier De Profundis. Ils me croient un être sinistre, surnaturel. Vous aussi, peut-être ?

— Un peu, répondit le jeune homme.