Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/102

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comme il le dit lui-même. La mort du duc de Chevreuse, qui ne tarda guère, redoubla le coup ; celle du duc de Beauvillier — le dernier de ceux en qui se résumait sa vie d’affection, de domination, d’espérance — l’atterra.

VIII

L’application que Fénelon fit de sa doctrine est donc moins libérale que sa doctrine. Mais ses conseils, pris en eux-mêmes, n’y perdent rien de leur justesse pénétrante. Rollin, qui ne prodigue pas sa confiance, signale l’Éducation des filles à titre de « livre excellent à mettre entre toutes les mains. » Ceux qui, comme de nos jours Michelet, seraient le plus disposés à souscrire à la sévérité de Louis XIV pour l’archevêque de Cambrai ne peuvent s’empêcher de reconnaître que l’ouvrage est « judicieux et hors de toute théorie, » sans chimère ni bel esprit.

Ce qui justifie cette commune admiration, c’est d’abord, sans doute, la générosité et la sûreté des vues. Comme les maîtres de Port-Royal, Rollin, Mme de Maintenon, Pestalozzi, Fénelon aimait la jeunesse. Son père avait eu dix-sept enfants : quatorze d’un premier mariage, trois d’un second. De là était sortie toute une famille dont il avait toujours quelque membre au palais de Cambrai. Fanta et Fanfan, ses deux neveux de prédilection, jouent un grand rôle dans sa correspondance intime. N’ayant même pas assez de « la troupe de ses propres péripatéticiens, » il se plaisait à garder auprès de lui