Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/125

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à l’échelle, racontait-elle aux Dames de Saint-Cyr, pour faire l’ouvrage des tapissiers et ouvriers, parce qu’il ne fallait pas qu’ils entrassent dans la chambre ; je faisais tout moi-même, les nourrices ne mettant la main à rien, et j’allais souvent à pied de nourrice en nourrice, déguisée, portant sous mon bras du linge, de la viande ; je passais quelquefois la nuit entière chez un de ces enfants qui était malade, dans une petite maison hors de Paris ; je rentrais le matin par une petite porte de derrière, et, après m’être habillée, je montais en carrosse par celle de devant pour m’en aller à l’hôtel d’Albret ou de Richelieu, afin que ma société ordinaire ne s’aperçût de rien et ne soupçonnât pas seulement que j’eusse un secret à garder. Quelques-uns s’en doutaient ; de peur qu’on ne me pénétrât, je me faisais saigner pour m’empêcher de rougir. » Bientôt toutefois il fallut prendre d’autres mesures. Les enfants grandissaient ; on les réunit dans une maison isolée, aux portes de Paris, et elle s’y enferma avec eux. Ses amis s’en affligeaient. « Mme Scarron ne paraît point, écrivait Mme de Sévigné à Mme de Coulange. Aucun mortel sans exception n’a commerce avec elle. J’ai reçu une de ses lettres, mais je me garde de m’en vanter, de peur des questions infinies que cela attire. »

Michelet dit qu’à aucune époque de sa vie il ne trouve en Mme de Maintenon la femme. Il a ici contre lui tous les témoignages : non seulement celui de Mme de Caylus, mais celui de Mme de Sévigné et de bien d’autres. Mme Scarron avait pris maternellement son rôle de gouvernante et ne s’y épargnait point. Ses propres lettres nous la montrent sur pied quatre ou cinq