Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/131

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de l’autre : elle n’aime pas à obéir ; elle veut bien être au père, mais non pas à la mère ; elle lui rend compte, et point à elle — Ce secret roule sous terre depuis plus de six mois ; il se répand un peu. » C’est à la fin de l’année 1675 que la guerre éclate. Le ton des lettres de Mme de Maintenon se modifie sensiblement. Elle ne se laisse pas exciter par les prétentions hautaines de Mme de Montespan ; mais elle soutient ses attaques. L’abbé Gobelin était arrivé à lui faire entendre que le devoir l’obligeait de rester où Dieu l’avait placée pour rompre une liaison scandaleuse. L’idée qu’elle est l’instrument de la Providence la domine chaque jour davantage et finira par la posséder pleinement.

C’est dans Mme de Sévigné, si friande des moindres incidents de la cour, qu’on doit chercher le détail de cette lutte, tour à tour ouverte et sourde, où Mme de Montespan s’abandonne à tous les transports d’une violence sans dignité, tandis que Mme de Maintenon, qui « n’ignore aucun déchaînement, » qui écrit à son frère « qu’on est enragé contre elle, » ne répond au redoublement des assauts que par un redoublement de patience, de sagesse, de manège consommé, « faisant connaître au roi un pays tout nouveau » et prouvant encore une fois que rien n’est plus habile qu’une conduite irréprochable. Mme de Sévigné note les rencontres, épie les conversations, en marque la durée, saisit au vol les physionomies, les attitudes, les empressements contraints, les effusions bruyantes suivies de propos amers, et, au milieu du conflit où chaque parti se range, les résistances ou les défaillances du roi qui tiennent en suspens les ambitions rivales ; jusqu’au jour où, la faveur enfin se fixant, Mme de Maintenon