Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/146

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L’histoire de Saint-Cyr peut se partager en deux périodes : la période avant et la période après les représentations d’Esther. Saint-Cyr, dans sa conception première, ne fut pas seulement une idée généreuse : c’était aussi une idée nouvelle, « la première sécularisation, dit Saint-Marc Girardin, sécularisation intelligente et hardie, de l’éducation des femmes. » Louis XIV n’aimait pas les couvents. Il considérait « qu’il était de la politique générale du royaume de diminuer ce grand nombre de religieux, dont la plupart, inutiles à l’Église, étaient onéreux à l’État. » Il voulait qu’il n’y eût « à Saint-Cyr rien qui sentît le monastère ni par les pratiques extérieures, ni par l’habit, ni par les offices, ni par la vie, qui devait être active, mais aisée et commode, sans austérités » ; il entendait fonder, « non une congrégation de religieuses, mais seulement une communauté de filles pieuses, capables d’élever les jeunes filles dans la crainte de Dieu et dans la bienséance convenable à leur sexe ; à quoi elles s’engageraient par les vœux simples de pauvreté, de chasteté, d’obéissance, et par un quatrième, d’élever et d’instruire les demoiselles. » Ce caractère d’origine avait laissé chez les Dames de Saint-Cyr un souvenir si vif que c’est dans leurs Mémoires, rédigés plus de cinquante ans après la création, qu’on en trouve l’expression la plus exacte. Il était conforme à l’opinion du temps. « Il ne faut pas, écrivait l’auteur anonyme de l’Instruction chrétienne publiée en 1687, il ne faut pas tenir les filles toujours