Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/155

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Scarron et du maréchal d’Albret dans l’impulsion donnée d’abord à la maison de Saint-Louis : on discourait, on composait, on discutait sur toutes sortes de sujets. Il semblait qu’on ne pût avoir ni l’esprit trop ouvert, ni le langage trop subtil, ni la plume trop aiguisée. « Pour les discours et les définitions de vertus, nous allions plus loin que personne, » disait Mme de Maintenon ; tout le monde voulait faire son livre de Maximes. C’est ce libre essor qui se referme. Plus de lectures ni d’écritures : rien n’est moins sain pour les filles ; — plus de conversations : elles s’ennuieront à mourir dans leur famille ; il faut qu’elles s’apprennent à aimer le silence qui convient à leur sexe ; — plus de poésie ni d’éloquence : elles éloignent de la simplicité. « Les femmes ne savent jamais qu’à demi, et le peu qu’elles savent les rend fières, dédaigneuses, causeuses, et dégoûtées des choses solides » : voilà le principe. « Dieu préserve les demoiselles de faire les savantes et les héroïnes ; il suffit qu’elles ne soient pas plus ignorantes que le commun des honnêtes gens ! » voilà le dernier mot. Mme de Maintenon se défie particulièrement des exemples de l’antiquité et de la morale païenne. Elle avait commencé par adopter le cadre des études défini par Fénelon, sans tenir compte de la réserve que Fénelon y avait introduite ; la réserve devient sa règle. Il serait injuste, à coup sûr, de ne pas reconnaître ce que sa pensée eut tout d’abord de souple et d’élevé, et peut-être ne l’a-t-on pas, en général, suffisamment mis en lumière ; mais il ne serait pas moins inexact de ne pas marquer jusqu’à quel point cette pensée se replia. À ne considérer que l’instruction, le programme définitif de Saint-