Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/183

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être trop complète : « le mot d’élever s’étend à tous les soins des mères. » Et cependant il était impossible à la règle elle-même de tout prévoir : il y a des devoirs en dehors et au-dessus de la règle ; « ce qui fait que le devoir d’éducation est une des plus grandes austérités que l’on puisse pratiquer, c’est qu’il n’admet point de relâche. » La maîtresse, en même temps qu’elle est appelée par sa vocation à sortir de soi, à s’oublier, est tenue de s’observer sans cesse : un mot, un regard qui lui échappe à contretemps et que l’enfant ne manquera pas de saisir, peut compromettre le prestige ou le caractère de son autorité. « Il n’y a personne devant qui j’aurais plus rougi de faire une faute — disait Mme de Maintenon qui ne craint jamais de se citer en exemple— que devant M. le duc du Maine. » Ce n’était même pas assez encore que cette vigilance toujours en quête pour prévenir ses propres défaillances ou corriger celles des demoiselles ; on y devait joindre une vertu agissante. Si les impatientes ont tort de ne pas faire la part du temps dans les progrès qu’elles attendent, plus grave est le tort des indifférentes qui ne préparent pas le travail du temps par un effort de tous les moments. « Il faut remuer les passions des enfants avec discrétion, mais il faut les remuer pour arriver à les connaître et être en mesure de les combattre. Ne s’est-il point passé de jour que vous n’ayez donné une bonne maxime à votre classe ? Ne vous êtes-vous point couchée que vous ne puissiez vous dire que vous avez attaqué quelque défaut, fait aimer quelque vertu, éclairé ou redressé quelque conscience, conseillé et obtenu un acte de raison ; alors seulement vous aurez le droit de vous rendre témoignage et d’être contente de vous. »