Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/237

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ne tenons pas à nous par des goûts solides, nous tenons à tout » ? Comme elle, Mme de Lambert ramène à l’éducation le plus pur fruit de l’instruction. Elle n’en interdit pas la jouissance intellectuelle, mais elle en considère par-dessus tout le profit moral. Si elle regrette que les hommes semblent défendre aux femmes la culture des lettres, c’est parce qu’il n’est pas de meilleure discipline pour l’esprit et pour le cœur. Aux grâces de sentiment dont elles ne doivent point se laisser dépouiller, mais qui peuvent les trahir, elle leur demande d’ajouter les vertus de raison qui ne trompent point : tel est le fonds qu’elle s’efforce de leur assurer. Il semble qu’elle ait pris pour idéal l’observation de La Bruyère : « Une belle femme qui a les qualités d’un honnête homme est ce qu’il y a au monde du commerce le plus délicieux : l’on trouve en elle tout le mérite des deux sexes. » Son ambition serait de démontrer par le précepte et par l’exemple que les femmes sont capables de concevoir et de pratiquer la sagesse, la discrétion, la probité, la fidélité au devoir, le respect de la vérité, toutes les qualités qui honorent la conscience humaine. Et en posant les principes de ces vertus, elle indique les moyens d’y atteindre.

VI

On peut dire que les conseils pratiques de Mme de Lambert s’étendent de l’enfance à la vieillesse. Elle s’était acquis, en matière d’éducation, une sorte d’autorité. Des mères de famille recouraient à ses lumières. La supérieure du couvent de la Magdeleine de Tresnel lui