Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/259

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Il ne lui en faut pas davantage pour se créer le fonds d’idées et de sentiments dont elle ne peut se passer.

En la tenant de si court, Rousseau ne se préoccupe pas seulement de l’attacher aux devoirs simples et graves de la vie à laquelle elle est réservée ; il songea la seconde existence qu’elle tiendra de son mari. C’est l’homme qu’elle épousera qui lui façonnera l’esprit à son gré, pour ses besoins, ses intérêts ou ses plaisirs. Appelée à vivre de la vie d’autrui, la femme n’a sur elle-même aucun droit. Sa croyance même est nécessairement asservie à l’autorité. « Toute fille doit avoir la religion de sa mère, et toute femme celle de son mari. Quand cette religion serait fausse, la docilité qui soumet la mère et la fille aux ordres de la nature efface auprès de Dieu le péché de l’erreur : hors d’état d’être juges elles-mêmes, elles doivent recevoir la décision des pères et des maris comme celle de l’Église. »

II

En vue de cette obscure et passive subordination, quel est donc l’objet de l’éducation des femmes ? La destination de la femme étant de plaire, c’est à plaire qu’il faut que son éducation la prépare. L’homme doit cultiver en lui la force ; la femme, les agréments. Coquette par état, la forme de sa coquetterie change avec le temps ; mais c’est un fonds que rien n’entame, et le vœu de la nature est que les grâces dont elle a été douée servent à notre bonheur. Rousseau fonde sur