Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/306

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surtout que de s’adresser à la conscience de l’enfant et de la faire juge d’elle-même. « A-t-elle donné quelque preuve ou de sensibilité ou de générosité ou d’autre vertu qui parte du cœur, disait la mère, c’est l’occasion de lui montrer le plus grand contentement, de lui passer dix fautes pour un seul de ses bons mouvements et de me la conduire comme en triomphe. » — « Vous voyez, concluait-elle (le plan est l’objet d’une lettre adressée à Mlle Durand), que, pour alléger le travail de ma fille, j’en exige pas mal de vous. Il faut beaucoup vivre avec elle, comme je vivrai moi-même avec elle et avec vous. » Nous voilà loin de l’élévation disproportionnée et de la sécheresse théorique des Lettres à mon fils.

La façon judicieuse et aimable dont Mme d’Épinay appliquait elle-même sa méthode ne valait pas moins que la méthode. Les Conversations entre une mère et sa fille ou les Conversations d’Émilie n’étaient que la première partie d’un traité général d’éducation. Mme d’Épinay considérait qu’une éducation bien conçue comprend trois degrés ou trois époques : de six à dix ans, de dix à quatorze ou quinze ans, de quinze ans jusqu’à l’établissement de la jeune fille. C’est au degré de six à dix ans que répondent les Conversations d’Émilie. Le plan général en est très simple. Dans ses Entretiens comme dans ses Proverbes, Mme de Maintenon met aux prises deux ou plusieurs jeunes filles imaginaires auxquelles elle fait développer une thèse : la petite scène part d’une définition précise et s’achemine, avec plus ou moins de rapidité, suivant la difficulté du sujet, vers la preuve ou démonstration qui en est comme le dénouement. Les douze Conversations d’Émilie