Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/312

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MADAME NECKER



Mme Necker nous permet de saisir par un autre côté ce qui, dans les principes de Rousseau, froissait les idées des femmes dont il avait d’abord séduit la confiance. Bien que Mme Necker et Mme d’Épinay eussent un grand nombre d’amis communs et entretinssent d’intimes rapports de société ou de correspondance, le sentiment que l’on éprouve en passant du salon de l’une dans le salon de l’autre est celui du contraste. L’élévation et la gravité que Mme d’Épinay apporte à l’étude des questions sérieuses, particulièrement des questions d’éducation, laissent malgré tout subsister dans l’esprit une sorte de gêne et de trouble qui se rattache au souvenir des entraînements de sa jeunesse ; on a besoin de se rappeler qu’il n’a point tenu à elle, à ses bons et charmants instincts, d’être ce qu’elle a fait de sa fille. Pour Mme Necker, au contraire, à quelques frivolités que son nom se trouve mêlé d’aventure, c’est le respect qu’elle inspire, à distance comme dans le cercle qu’elle présidait. Elle avait, disait-on, transformé sa maison en un temple. Galiani lui-même n’y entrait qu’en composant son attitude. « Je serai froid et poli comme une assiette de Mme Geoffrin vis-à-vis de Mme Necker, écrivait-il à Mme d’Épinay après une brouille ; je ne veux plus avoir avec elle que des rapports