Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/350

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Benoît, « dans ces cercles de beaux esprits des deux sexes, d’insolentes baronnes, de jolis abbés, de vieux chevaliers et de jeunes plumets, tranchant à vide du grand air et des belles façons. » Même dans les sociétés dont la rapprochaient ses affections, elle ne pouvait se faire aux prétentions mal justifiées, qu’elles vinssent de Mlle d’Hangard, « née demoiselle ainsi que ses cousines de Lamothe, et gardant religieusement avec elle, comme un titre de famille, le sac que leur mère s’était fait porter à l’église » ; — de l’avocat Perdu, « le commandeur, un sot ruiné par sa paresse, gras et pomponné, qui se piquait de dicter les préceptes de la gentilhommerie » ; — ou de Mlle d’Hannache, « grande haquenée sèche et jaune, à la voix rèche, à la dignité imbécile, ennuyant tout le monde de ses récits, et lui faisant à elle-même copier et recopier ses parchemins. » Elle souriait parfois de ces ridicules, en décochant aux uns et aux autres les traits de son humeur railleuse ; mais ils la faisaient souffrir beaucoup plus qu’ils ne l’amusaient. Et en voyant « qu’on rendait honneur à Mlle d’Hannache malgré son ignorance et son mauvais langage, qu’on écoutait gravement les noms de ses auteurs dont elle reprenait sans cesse l’énumération, » alors que « sa généalogie ne lui donnait pas la faculté de faire une ligne qui eût le sens commun ni qui fût lisible, » — personne ne le savait mieux qu’elle, qui lui servait de secrétaire — elle ne pouvait s’empêcher de « trouver le monde bien injuste et les institutions sociales bien extravagantes. » Encore leur aurait-elle pardonné à tous de vivre à leur guise et de s’enfermer dans leur déraison. Mais comment admettre « que ces pitoyables anoblis, ces impertinents