Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/94

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encore qu’entr’ouvrir des espérances. « Mme de Maintenon dînait de ègle, une et quelquefois deux fois la semaine, à l’hôtel de Beauvillier ou de Chevreuse, en cinquième entre les deux sœurs et les deux maris, avec la clochette sur la table, pour n’avoir pas de valet avec eux et causer sans contrainte. C’était un sanctuaire qui tenait toute la cour à leurs pieds et auquel Fénelon fut enfin admis (il venait d’être nommé précepteur du duc de Bourgogne). Il y eut auprès de Mme de Maintenon presque autant de succès qu’il en avait eu auprès des deux ducs ; sa spiritualité l’enchanta. La cour s’aperçut bientôt des pas de géant de l’heureux abbé et se porta vers lui. Mais le désir d’être libre et tout entier à ce qu’il s’était proposé, et la crainte encore de déplaire au duc et à Mme de Maintenon, dont le goût allait à une vie particulière et fort séparée, lui fit faire bouclier de modestie de ses fonctions de précepteur, et le rendit encore plus cher aux seules personnes qu’il avait captivées et qu’il avait tant d’intérêt à retenir dans cet attachement. » S’il faut en croire le même témoin, toujours prêt à forcer contre ceux qu’il n’aime pas la note de la diplomatie à longue portée, Mme de Maintenon n’était pas moins intéressée à s’attacher Fénelon, « l’heureux abbé étant dès lors le directeur de conscience des dames les plus en renommée de vertu et comme le saint de la cour. » L’attachement, quoi qu’il en soit, était sincère. C’est elle qui l’avait choisi, presque imposé comme directeur à Mme de la Maisonfort ; et pendant longtemps, malgré le débordement des inimitiés soulevées par l’appui qu’il prêtait à Mme Guyon, elle lui resta fidèle jusqu’à s’exposer presque, en le défendant, aux périls d’une disgrâce.