Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/96

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esprit sage, juste, net, savant d’ailleurs et qui était propre aux affaires, sans pédanterie, sachant vivre et se conduire avec le grand monde sans s’y jeter, » mais qui n’avait aucun des dons extérieurs auxquels Mme de Maintenon, dans la première conception de Saint-Cyr, n’était pas insensible, et qui se croyait lui-même plus propre à faire un moine qu’un prélat. Les premières avances furent adressées à Bourdaloue. Il était venu prêcher à Saint-Cyr, où sa parole avait été fort goûtée. Les conseils qu’il fit parvenir à Mme de Maintenon furent, à en juger par les deux lettres qui nous restent, d’une gravité un peu nue. Il conclut d’ailleurs qu’il ne pouvait faire office de direction qu’une fois en six mois, « à cause des occupations que lui donnaient ses sermons. » Il fallut donc renoncer à lui ; ce qui eut lieu, « non sans de grands témoignages de redoublement d’estime. »

Nous avons aussi deux lettres de Fénelon répondant à cette sorte d’enquête, lettres d’un intérêt supérieur et singulièrement piquant. Mme de Maintenon l’avait prié de lui parler de ses défauts. La proposition, dans sa simplicité, ne laissait pas d’être délicate, et trahissait autre chose qu’un pur sentiment d’humilité chrétienne. Quoi qu’il en soit, pour la sagacité psychologique de Fénelon, c’était un texte à souhait, et il est aisé de voir qu’il s’y complaît. Il commence par établir avec beaucoup de courtoisie que Mme de Maintenon est ingénue, naturelle, disposée à la confiance, jalouse de bonne gloire, et il déclare qu’en général on rend justice à la pureté de ses motifs ; mais « on ajoute aussi, et, selon toute apparence, avec vérité, qu’elle est sèche et sévère ; que ce qui la blesse la blesse vivement ; qu’il n’est pas permis