Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/177

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de Surinam, soit de la montagne bleue à la Jamaïque, de n’avoir pas organisé un État qui, en restreignant la liberté individuelle, assureroit la liberté sociale. Tout ce qu’on vient de lire est une réponse anticipée à cette objection. Se pourroit-il que les arts de la paix fussent cultivés par une troupe fugitive, toujours cachée dans les forêts et les marais, toujours occupée à se nourrir et à se défendre contre ses oppresseurs, qui sont les véritables révoltés ?… oui, révoltés contre tous les sentimens de la justice et de la nature.

On objectera peut-être encore que les Nègres de Haïti n’ont pu, jusqu’à présent, asseoir parmi eux une forme stable de gouvernement, et qu’ils se déchirent de leurs propres mains. Mais dans le cours orageux de notre révolution, sacrée dans ses principes, calomniée par ceux dont les efforts sont parvenus à la dénaturer dans sa marche et ses résultats, n’a t-on pas vu tous les genres de cruauté ? N’avoit-on pas, suivant l’expression d’un député, mis la nation en coupe réglée, et allumé un volcan qui a dévoré plusieurs générations ? La main de